vendredi 18 janvier 2008
Philippe Grenier le 1er député musulman
Philippe Grenier (14 août 1865 - 25 mars 1944) est un médecin, homme politique français et premier député musulman de l'histoire de France.
Né à Pontarlier (Doubs), il est le fils d'Hippolyte Grenier, capitaine de cavalerie, membre de l'Etat major de Napoléon III ayant servi dans les chasseurs d'Afrique à Mostaganem (Algérie), et de Marie Thiébaud, fille de Charles Thiébaud, notaire de Pontarlier. Son père mourra le 4 juin 1871 alors que son fils Philippe n'a que six ans.
Effectuant ses études secondaires à Besançon, il obtient son baccalauréat et fréquente la faculté de médecine de Paris de 1883 à 1890 avant de s'installer à Pontarlier où il ouvre un cabinet. Cette année-là, il rend visite à son frère cadet à Blida en Algérie ce qui sera le début de sa révélation pour la culture musulmane de l'Empire colonial français.
Choqué par la manière dont la France maintient les Algériens musulmans dans la misère et des injustices sociales de l'époque coloniale, de retour en Métropole, il se met à étudier le Coran.
Quatre ans plus tard, en 1894, lorsqu'il effectue un second voyage en Algérie, il se rend à Blida où il se convertit à l'islam.
Suite à sa conversion, il se rend à La Mecque à 29 ans et adopte la tenue traditionnelle des musulmans algériens. Il se fait élire conseiller municipal de sa ville et s'intéresse aux questions d'hygiène publique et d'aide aux nécessiteux grâce à son statut de médecin.
C'est suite à la mort de l'ancien député de Pontarlier (Doubs) que le Dr Grenier décide de tenter sa chance. Menant une campagne électorale modeste, il devint la risée de la presse qui se moque de ses « exubérances vestimentaires ». Malgré cela, et grâce à un discours convaincant, son programme social ambitieux pour l'époque lui permettra de décrocher le sésame pour le parlement au deuxième tour avec 51 % des voix et après un coup de théâtre électoral, le 20 décembre 1896.
Ce jour-là, il devient le premier député musulman de l'histoire de France.
Premier député de confession islamique au parlement français élu du Doubs de 1896 à 1898, il devient la curiosité de la presse de l'époque, très mal renseignée sur les us et coutumes musulmanes.
La presse l'accusera tantôt de posséder un harem, tantôt de baiser le tapis de l'entrée de l'Assemblée nationale ou encore de se laver continuellement les pieds.
Devenant le « député des musulmans de France », il se rend souvent en Algérie pour le besoin d'enquêtes parlementaires. C'est suite à ses prises de position éthique et à son combat pour la respectabilité de l'islam française, que les électeurs de Pontarlier l’accuseront d'oublier d'où il venait et qui il représentait à l'assemblée.
Ses prises de position sur l'absinthe réclamant l'interdiction du breuvage finiront par l'évincer[1], en sachant que Pontarlier était considérée comme la capitale de l’absinthe. C'est en mai 1898 qu'il sera battu à l’élection et à nouveau en 1902.
Après ce double échec, il décidera de quitter la politique.
Il s'éteint à Pontarlier à l'âge de 79 ans, le 25 mars 1944. Quelques mois plus tard, comme un coup du destin, ce sera une unité de tirailleurs algériens qui libèrera Pontarlier des armées allemandes.
Depuis la fin de son mandat en 1898, aucun Français métropolitain musulman, n'a été élu au parlement français.
Un collège, une rue et la mosquée de Pontarlier portent son nom.
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